Dear Diary,
Certaines personnes sont nées pour être des héros, les personnages principaux de futures épopées que des générations se raconteront autour du feu. D'autres sont destinées à rester dans l'ombre, voir à demeurer le nez dans la gadoue qui les avait vu naître. Bartholomew, fils de paysan à Puyfaux était bien parti pour suivre cette voie. Sa vie minable se limitait à se trimer dans les champs de son père. Le jeune homme avait beau refuser cette fatalité de tout son être, il n'avait rien pour changer son destin. Pas d'argent, pas de compétences utiles pour un autre domaine que celui dans lequel il avait été élevé. Même pour aider son père, il était mauvais, trop maigre pour porter des charges lourdes ou travailler toute une journée sans relâche. Même son père le traitait comme un bon-à-rien. Partir ? Pour aller où ? Il ne semblait avoir aucune issue à sa misérable existence.
La chance lui sourit enfin lorsqu'ILS arrivèrent en ville. Les disparitions n'étaient alors qu'anecdotiques, bien loin des événements alarmant qui auront lieu bien des années plus tard mais il fallait croire que la rumeur était déjà suffisamment alléchante pour attirer quelques chasseurs de sorcières à Puyfaux.
Depuis cet instant, Bartholomew délaissa son travail pour passer son temps dans la taverne, lieu où les chasseurs les plus bavards séjournaient. Il passa des journées entière à écouter les exploits, admirés les trophées que certains avaient conservés de leurs chasses les plus mémorables et convoités les richesses dont ils se vantaient d'acquérir. Fortune et respect, les deux choses qu'il désirait le plus d'obtenir semblait enfin à sa portée.
Lorsque des pistes sérieuses pour débusquer une sorcière noire arrivèrent jusqu'à ces oreilles, il ne fallut pas longtemps au naïf qu'l était alors pour sauter le pas. Dépensant l’ensemble de ces économies dans une épée mal aiguisée, il se rendit seul dans les bois, imaginant revenir en héros.
De ce passage assez embarrassant de sa vie, il ne se souvint que d'une douleur atroce et de s'être réveiller dans une cabane dans les bois. Une dame l'avait soignée, Bart réalisa avait horreur qu'il devait sa survie à une sorcière blanche qui avait prit le risque de lui révélé son secret pour pouvoir lui sauver la vie. L'apprenti chasseur garda le silence, à peine marmonna-t-il un remerciement avant de partir. Contrairement à se que pouvait laisser penser son mutisme et son calme apparent, sa guérison laissa une blessure dans son orgueil.
De retour au village, son premier geste fut de dénoncé sa sauveuse, à la condition de faire partie de la traque. On l'arma correctement et il fit par de son plan pour débusquer la diablesse. Il avait vu deux adolescents dans la cabane, des otages idéaux pour faire perdre toute envie de résistance à la sorcière. Du moins, en théorie.
S'attaquant d'abord au garçon, Bartholomew se fit un malin plaisir de laisser deux jolies entailles sur les avant-bras du captif. Lui et ses comparses délaissèrent vite le garçon lorsque la sorcière montra ses talents, prouvant qu'il avait dit la vérité à ces complices. La bataille fut plus rude que prévue, ils auraient dû prévoir qu'un animal se montrerait plus féroce lorsque la vie de sa progéniture entrait en jeu.
Bart sacrifia sans hésitation les hommes qu'il admirait pourtant quelques jours plus tôt, juste pour pouvoir porter le coup de grâce à la sorcière blanche. Il la décapita ensuite, la manœuvre lui prit plusieurs essais. Le crâne de cette première proie restera un de ses trophées préférés qui ne le quitta jamais depuis.
Les enfants avaient filés, et cette semi-défaite laissa encore maintenant un goût d'inachevé bien amer mais l'heure était à la fête pour les survivants de cette rixe.
Bartholomew était devenu officiellement un chasseur de sorcière grâce à sa prise du jour. Il guetta dans les yeux de son père une lueur d'admiration qui ne vint jamais. Amer, il quitta Puyfaux le jour suivant.
Pendant les années qui suivirent, Bart se bâtit une réputation de chasseur. Ces méthodes étaient discutables mais le résultat était là et l'ancien paysan se retrouva vite avec un tableau de chasse impressionnant. Il évitait de dire que la plupart de ces proies n'étaient que des jeune femmes innocentes qui s'étaient attiré ses foudres à un moment ou un autre (en refusant ses avances, en lui parlant mal etc... tout les prétextes étaient bons pour accuser les innocents). Ainsi, il pouvait obtenir gloire et argent sans se risquer dans un combat trop dangereux.
Il évita Puyfaux comme la peste, malgré les rumeurs de récompenses. On disait qu'une créature invoquée par la sorcière blanche qu'il avait tuée rodait dans les bois pour venger son invocatrice. Pourtant l'avidité fut un jour la plus forte.
Aujourd'hui, le fils prodigue est de retour.