Peut-on un jour connaître le bonheur ? Tous les matins, j'essaie d'y croire en me réveillant et lorsque mes paupières s'alourdissent, la réponse ne change jamais. Dans mon cas, c'est un non catégorique ! Pourtant, tous les jours je vois des gens qui se tiennent par la main, qui se sourient l'un et l'autre, le boulanger heureux de faire son maigre salaire, mon père se réjouissant devant la défaite des autres, les gens qui se contentent de simples situations avec une joie de vivre imminente ou encore elle, Myrcella, qui continue d'y croire même si sa situation est parfois pire que la mienne. J'aurai pu être heureux, mais mon histoire ne m'en a pas laissé la chance. Du moins, pas encore...

Je suis né à Londres, il y a de cela vingt-quatre ans. Suite à mes nombreuses lectures sur la "sciences", j'ai découvert que c'était normal que mes souvenirs de cette époque soient bien maigres. L'hippocampe, le siège de la mémoire, se forme vers l'âge de cinq ans et étonnamment, mes réels souvenirs débutent près de mon cinquième anniversaire. Je n'avais ni mère et un simple semblant de père. Néanmoins, mon père était et est encore un homme très riche et influant. Toutefois, puisque je suis son bâtard, et j'insiste là-dessus, je n'en profiterai probablement jamais. Mon éducation se résumait à travailler dans les champs et à faire la sale besogne. Ma vie a pris un réel tournant lorsque M. Dominion est entré dans ma vie. Il venait apprendre à lire et instruire ma demi-soeur, deux ans plus jeunes, afin qu'elle soit une femme noblesse. Je crois bien que l'homme avait pitié de moi, puisque le soir, il me donnait rendez-vous sous un arbre pour m'apprendre à lire et à écrire moi aussi. Selon Dominion, tout le monde mérite une chance dans la vie. Est-ce que je fais parti de cette entité moi aussi ?

Je ne peux pas inventé des atrocités, des tristesses ou de la colère. Ma vie était bien vide de sens je vous l'accorde, mais de loin à m'inventer une histoire. Le seul moment de mon existence m'ayant vraiment affecté de ma jeunesse fut le délaissement et de déni que m'accordait mon père. Idem pour ma belle-mère qui encourageait celui-ci un peu plus à chaque occasion. C'est à l'âge de huit ans que mon père a décidé d'utiliser le fouet sur moi. Oui ça faisait mal, oui ce n'était pas une partie de plaisir, oui ça me faisait quelque chose, mais non je ne le méritais pas. Est-ce que j'ai choisi d'être un bâtard ? Non, non et NON ! On m'a toujours raconté que les tatouages étaient pour témoigner quelque chose aux autres. Je n'en ai pas, mais mes cicatrices sont toutes comme. J'ai fermé les yeux beaucoup trop longtemps et j'ai souffert de nombreux instants. On ne choisi pas de venir au monde, mais je crois que j'ai le droit de choisir ce que je fais changer dans ce monde.

Ma vie a pris un réel tournant le jour où je l'ai rencontré. J'avais environ vingt-ans. Je m'explique : Ma belle-mère avait toujours des "choses" à faire le soir. On ne savait ni quoi, ni où et ni pourquoi. Tout ce que mon père et moi savions c'est que Kamilla et sa fille partaient ensemble. Je suivais donc mon père au bordel, car il était hors de question que je reste seul à la demeure familiale. La première année, je ne faisais que la regarder de loin et nos échanges ne se limitaient qu'à un sourire ici et là. La deuxième année, je prenais tous mon courage pour lui parler et ce fut sans succès. Elle était très en demande, mais c'était comprenable. Elle avait de longs cheveux blonds qui lui descendaient jusqu'aux hanches. En ce qui attrait à ses yeux, il m'était tout simplement impossible de ne pas chercher à les rencontrer. Ils étaient magnifiques et envoûtants. La troisième année, elle est venue me parler. Je dois vous avouer que ça m'a totalement surpris qu'elle fasse les premiers pas, mais j'aurai pu encore passer cinq autres années à la regarder comme cela. Cette année-là, j'ai rencontré ma seule et unique amie. Une femme à qui je me suis ouvert pour la première fois, même si j'étais très bref dans mes commentaires. Je crois bien que je l'aime, mais je ne peux pas vivre d'amour. Du moins, pas après toutes ses années. Je la vois le soir et au petit matin, je pars. Ce n'est pas une très belle relation. Il est difficile pour une homme de savoir comment agir pour une femme, lorsque toute sa vie, celui-ci n'a vécu que pour lui-même et servir les autres.

Maintenant, où je vous écris, je viens de sortir de son lit. Encore une fois, ça s'est mal terminé, parce que je ne peux pas m'enfuir tout de suite avec elle. J'ai trop de choses à préparer. Je n'ai pas attendu mon père ce soir-là. Ma tête faisait si mal, mon coeur bondissait de ma poitrine. Je suis donc parti du bordel pour aller à la maison. Puisque j'étais à la marche et non avec les chevaux, j'ai passé par la forêt afin d'avoir un petit raccourci. J'en ai eu le souffle coupé et aucun mot ne peut décrire ce que j'ai ressenti. Ma belle-mère et sa fille, elles sont des sorcières. Voilà où elles passent toute leur temps le soir. Pendant toutes ces années, elles ont si bien cachés leur jeu. J'ai envie de vomir ... Je suis donc rentré à la maison, sans faire de bruit et j'ai subi mes coups de fouets habituels.

Pour conclure, cher journal, je me demande si je devrai en parler à Myrcella histoire de voir ce qu'elle en pense. Pour ma part, je compte leurs coupées la tête. Je sais que cette action ne reflète pas qui je suis, mais ça me donnerait l'occasion d'être reconnu et d'être enfin quelqu'un d'autre. Peut-être pourrais-je même acheter une jolie maisonnette pour ma douce ? C'est à voir ...